La Mine et le temps des mineurs
Montcombroux et sa Mine
Vers les années 1820, la découverte dans le sous-sol d'une colline à proximité de Bert, de schistes houillers laisse augurer la possibilité de forages industriels.
Plusieurs protagonistes vont s'affronter jusque devant les tribunaux en vue d'accéder à la concession tant convoitée des terrains miniers.
Le récent « Bulletin des Lois » n° 285 du 25 avril 1810, publié sous Napoleon 1er, apporte une nouvelle réglementation de l'exploitation du sous-sol, En effet, dans son article 5, il stipule que « les mines ne peuvent être exploitées qu'en vertu d'un acte de concession délibéré en Conseil d'état ».
De même, dans son article 10 « nul ne peut faire des recherches pour découvrir des mines... que du consentement du propriétaire de la surface... avec l'autorisation du Gouvernement ».
Ainsi, une première demande de concession est déposée dès 1822 par le Sieur Crouzier de Saint-Léon, pour une surface de 1718 ha 7 ares 49 ca. Rapidement, suivent les demandes de la Compagnie Donniol oncle et neveu, Meilheurat des Pruraux, Bouquet-Loisel-Méplain et Meilheurat de Montcombroux.
Les différents entre demandeurs, même au sein d'une même famille ont fait l'objet de nombreux recours devant le Préfet et les tribunaux, sur une durée de près de quatorze années.
Finalement le 09 juin 1832, une première concession est allouée aux Sieurs Bouquet, Crouzier, Méplain et Compagnie, pour les mines situées près de Bert.
Une deuxième ordonnance, le 31 décembre 1834, fixe la concession de Montcombroux à la Compagnie Rossigneux-Meilheurat.
Cette compagnie commence une exploitation régulière en produisant 1233 tonnes avec une dizaine d'ouvriers. Le puits Sainte Marie assure à lui seul, la plus grande partie de l'extraction de la houille, Celle-ci est purifiée par triage, tamisage à la claie et lavage dans un étang à deux kilomètres. (AN F 14 3822)
Cette société exploite trois puits, Sainte Marie, Les Mandins et les Comtois.
Un groupe de mineurs aux mines de Bert-Montcombroux
Sainte-Barbe patronne des mineurs
En 1837, se constitue la Société Ratel et Compagnie qui absorbe la Compagnie Rossigneux-Meilheurat, pour l'exploitation de la concession de Montcombroux.
C'est à l'initiative de la Cie Ratel que l'on met en chantier la construction de la première voie ferrée du département de l'Allier, voire de France. Le chemin de fer industriel des Mines de Bert reliait le carreau de la Mine au port fluvial de Dompierre-sur-Besbre.
Longue de 25km, la voie est alors à l'écartement de 0,92m (un yard Anglais). Elle descend du plateau de la mine, longe le Graveron vers Peublanc, bifurque vers Chatelperron, Vaumas et la vallée de la Besbre jusqu'à Dompierre, où est aménagé un port fluvial situé à l'extrémité d'une branche du canal latéral.
C'est au cours de ces travaux, à Chatelperron que l'on a mis à jour le site néandertalien de la Grotte aux Fées, preuve importante de la présence de cette civilisation dans notre région.
Le chemin de fer des Mines utilise d'abord la traction hippomobile, favorisée par un tracé en pente douce depuis Montcombroux jusqu'à Dompierre. La société Ratel fait rapidement venir d'Angleterre deux locomotives à vapeur, aux roues d'un diamètre de un mètre et adaptées à l'écartement de 0,92m. Elles furent baptisées la « Fulton » et la « Denis-Papin ».
Extrait de l'Arrêté préfectoral du 1er janvier 1842
« Vu une pétition présentée le 18 décembre 1841 par le Directeur des Mines de Bert pour solliciter une autorisation de faire circuler deux machines locomotives sur la partie du chemin de fer compris entre la Mine et Dompierre.
Considérant que la vitesse maximum des convois remorqués par la locomotive ne devant être que de un myriamètre à l'heure ne pourra représenter aucun danger et que l'économie qui résultera de leur emploi dans les frais de transport de la houille devra bénéficier tant à la Société des Mines de Bert qu'aux consommateurs... les Mines de Bert sont autorisées dans la personne de son Directeur à faire remorquer des convois de charbon dans la partie de son chemin de fer comprise entre Jean-Durez et Dompierre, sur une longueur de 12500m par trois locomotives marchant à la pression de quatre atmosphères et des poids de 5000 kilogrammes à la....
Il sera adapté à chaque chaudière un sifflet que le mécanicien sera tenu de faire manoeuvrer de manière à avertir du passage du convoi dans les points où sa rencontre offrirait quelques dangers, notamment dans la traversée du village de Vaumas.... »
La société exploitante est en liquidation en 1842 ; cette société utilisait trois puits, Sainte-Marie, les Mandins et les Comtois. En 1841, elle avait globalement extrait 250 000 hl soit environ 20 000 tonnes. Une nouvelle société reprend l'extraction et fonce le puits Saint-Joseph sur la partie est du gisement et assure avec un nouveau puits, dit des Échelles, l'exploitation en 1850 (avec 106 ouvriers). L'effectif s'accroît à partir de cette date, 110 ouvriers en 1851, 130 en 1852, 170 en 1853 pour une production quotidienne de 750 hl, soit environ 60 tonnes.
En 1854, le feu dans la mine entraîne l'arrêt de tous les chantiers et le creusement du puits Sainte-Barbe. Ce dernier atteint 187 mètres dès 1856 et la mine, mieux équipée, peut sortir 80 tonnes de houille par jour, pour un effectif qui monte à 200 personnes.
En 1859, l'exploitation est assurée par cinq puits (Sainte-Barbe, Saint-Joseph, Roannais, Saint-Paul et Sainte-Marie).
Sur cette même année 1859, la production se monte à 20 000 tonnes dont près de 60 % sont expédiées par le port de Dompierre. Le gros de première qualité se vend 2 francs sur le bateau dans ce port. L'extraction atteint 30 000 tonnes en 1870 ; pour parvenir à cet accroissement des quantités extraites, c'est le puits Saint-Charles qui assure l'extraction après les fermetures des puits Saint-Joseph et Sainte-Barbe en 1863 et des Mandins et du Noyer en 1865. La mine emploie 250 personnes en 1865 et 320 en 1869 en comptant le personnel du chemin de fer. Le puits Saint-Charles (ou des Perrochons) a une profondeur de 136 mètres en 1870, puis 222 mètres en 1871 alors qu'un nouveau dénommé Saint-Louis est en cours de fonçage et atteint 120 mètres la même année.
Le 12 avril 1873, les Sociétés Ratel et Crouzier fusionnent pour donner naissance à la « Société Ratel et Compagnie », ou « Société Anonyme des Mines de Bert ». Des recherches sont menées à environ 1 500 mètres au sud des autres travaux au puits des Bouillots qui est creusé sur le bord de la route de Lapalisse. Sur cette même période, de nouveaux puits sont entrepris : Mandins 1 et 2, Frêchets 1 et 2, Le Plateau. La mine occupe alors 350 ouvriers et la production dépasse souvent 40 000 tonnes/an.
Après 1880 c'est le puits des Mandins no° 1 qui assure l'activité ; il a été poussé à la profondeur de 610 mètres mais l'extraction a lieu au niveau -170 mètres.
En 1890 un atelier d'agglomération est installé en prévision des débouchés nouveaux qui peuvent apparaître grâce à la construction de la ligne de chemin de fer de Dompierre à Lapalisse, utilisant le tracé de la voie de la houillère édifiée auparavant.
Le 10 juillet 1894, les mines de houille de Bert sont mises en adjudication, la mine change de propriétaire et passe sous le contrôle du Sous-Comptoir des Entrepreneurs qui en est adjudicataire pour 100 000 francs.
Sur cette même année, la mine ne fournit que 61 544 journées de travail pour 262 postes d'extraction. Elle emploie 235 ouvriers et n'a extrait que 32 000 tonnes en 1893 et 36 000 tonnes en 1894 alors qu'elle en produisait régulièrement plus de 40 000 tonnes annuelles. Toujours en 1894, la production du piqueur est de 1,119 tonne par jour et le rendement annuel par personne employée de 137 tonnes. Le niveau d'extraction de 40 à 50 000 tonnes/an est à nouveau atteint dès 1895,
Un décret du 8 mars 1902 autorise la réunion des deux concessions, La nouvelle société s'appelle dorénavant « Société des Mines de Bert et de Montcombroux », le siège social est fixé à Paris,
Une extension de 302 ha vers l'Ouest est accordée par décret du 5 juin 1914, portant la concession à 1357 ha. L'extraction poursuit sa progression jusqu'en 1919 avec des maxima de 62 000 tonnes en 1917 et 1918.
De 1920 à 1934 la production est ralentie par suite des difficultés de la société jusqu'à l'arrêt de 1934.
À partir de 1942, une très importante mais éphémère activité est entreprise permettant d'atteindre 137 000 tonnes en 1947 avec arrêt en 1951. La reprise de l'extraction était liée à l'implantation d'une centrale électrique prématurément fermée.
(voir l'ouvrage "Pourquoi ont-ils fermé la mine ?" publié par Défense du Patrimoine archéologique Est-Allier - Dompierre)